Le
matériau
La pierre est un des éléments qui
a été le plus utilisé par l'homme et qui est parmi les
plus
répandus de l'environnement naturel. Sa débanalisation
permet de la sublimer et de faire porter un autre
regard sur elle. Employée brute ou taillée dans une
oeuvre plastique, elle se trouve directement en
résonance
avec notre personnalité par le langage archaïque et
primaire des lignes, formes, matières et couleurs.
Il est clair cependant que tout autre matière naturelle
ou artificielle est riche en accents et signes composant
ce langage.
C'est pourquoi mes sculptures minérales ne peuvent être
que des mots ou des phrases établies en propositions.
L'action, la
technique
Le choix des pierres s'effectue
dans la nature en fonction de leurs caractères
suggestifs. Les plus «expressives» ne sont pas
retouchées. Elles
sont les clés de chacune de mes productions. D'autres.
plus banales, me permettent l'ébauche de formes
rudimentaires.
Mon intervention sur la matière reste minimale. Je
cherche à oublier l'outil et à limiter mes gestes afin
de préserver la quintessence
inapprivoisée des lignes et des surfaces. Une des
étapes cruciales de mon travail se fait au moment du
forage des pierres.
C'est alors qu'elles sont techniquement transformées en
«perles» afin d'être montées verticalement sur un axe
métallique.
Chaque pierre est choisie. Chaque ligne, forme et
direction est étudiée. Je ne laisse rien au hasard mais
j'utilise celui-ci.
Parfois, c'est lui qui me devance, c'est lui qui
m'inspire. Le cairn prend vie alors.
Chaque sculpture est créée comme un signe ou comme un
acteur minéral figé dans une expression.
La
subjectivité et l'éphémère
Chaque oeuvre est composée
d'éléments que le spectateur peut dans la mesure du
possible, intervertir d'une manière subjective
Cette faculté évolutive permet de comparer le langage
de la sculpture au langage parlé. Pareillement aux sons
composant les mots,
les signes deviennent éphémères
L'équilibre
La notion d'équilibre est un effet
secondaire du mode « assemblage sur axe vertical». Ce
linéament met en jeu des masses
de formes et de tailles différentes. Les obliques ou les
courbes créent des formes directives qui paraissent
déstabiliser
l'ensemble. La notion de déséquilibre qui transparaît
est contrebalancée en permanence par l'équilibre
de la composition. De par cette dualité
équilibre-déséquilibre, chaque sculpture, en instance
de mouvement, prend vie.
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